Tunnel de Gibraltar : un rêve ancien relancé avec un budget colossal après 50 ans d’interruption
Un projet relancé avec un financement accru
En avril 2023, une rencontre entre la ministre espagnole des Transports, Raquel Sánchez, et son homologue marocain a marqué une étape importante dans la réactivation des études de faisabilité, après des décennies de stagnation. Depuis, un financement significatif a été alloué : 104 millions d’euros sont consacrés aux études techniques, dont une partie provient de l’Union européenne.
Les travaux initiaux, amorcés en 1979 sous l’impulsion des rois Juan Carlos I et Hassan II, avaient été freinés par des défis techniques, économiques et politiques. Cependant, les dernières estimations projettent un tunnel long de 60 km, dont 28 km sous l’eau, reliant Tanger (Maroc) à Algésiras (Espagne). Ce changement dépasse largement les plans initiaux de 2007 qui prévoyaient un tunnel de 32 km.
Une infrastructure parmi les plus ambitieuses au monde
Si le projet voit le jour, le tunnel de Gibraltar deviendrait l’un des plus longs au monde, surpassant le tunnel sous la Manche (50,5 km) et le tunnel Seikan au Japon (53 km). Toutefois, la réalisation reste tributaire de défis colossaux, notamment des risques sismiques, pour lesquels 480 000 euros ont été investis en novembre 2024 afin de mesurer l’activité tectonique dans la région.
La question financière reste également une barrière majeure : le coût total est estimé à 15 milliards d’euros, couvrant toutes les phases, de l’exploration géologique à la construction des deux tunnels ferroviaires. Les experts prévoient un chantier pouvant durer jusqu’à 40 ans, bien que les avancées technologiques pourraient réduire ce délai.
Enjeux géopolitiques et scepticisme
Selon El País, le projet suscite des réserves, notamment du Royaume-Uni, inquiet de ses répercussions sur le commerce transatlantique. Par ailleurs, des doutes persistent quant à la capacité du Maroc et de l’Espagne à maintenir une coopération fluide face à un tel chantier.