RDV de l’industrie.. Les principales réalisations du secteur et les perspectives de son développement objet de la 2e édition
Mardi 8 juin, le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique a organisé la 2e édition des Rendez-vous de l’Industrie. Ce second opus fait le point sur les principales réalisations du secteur dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI) et sur les perspectives de son développement, en présence de ses opérateurs, indique un communiqué du ministère.
Industrie agroalimentaire, secteur vital pour la sécurité alimentaire
Au siècle dernier, des géants comme Cosumar, né en 1929, ou encore Centrale laitière et Lesieur, qui ont vu le jour respectivement en 1940 et 1941, ont marqué les débuts du secteur. Aujourd’hui, le nombre d’entreprises de l’agroalimentaire est de 2100, employant 161 671 personnes et représentant un chiffre d’affaires (CA) de 161 MMDH (24% du CA industriel), un CA à l’export de 32,8 MMDH (15% des exportations industrielles) et une valeur ajoutée estimée à 39 MMDH (25% du PIB industriel).
«Le secteur a joué un rôle incroyable pendant la pandémie (…) Au Maroc, nous n’avons absolument manqué de rien et la raison essentielle est que nous avons des opérateurs dans ce secteur d’un nationalisme du plus haut niveau, qui ont retroussé les manches et travaillé jour et nuit», a déclaré M. Elalamy. Saluant la mobilisation des opérateurs et la résiliation dont ils ont fait preuve, au cours de la pandémie, le ministre a tenu à préciser que leur mission d’assurer un approvisionnement sans rupture dans toutes les régions du Maroc et dans des conditions sanitaires optimales, conformément aux Hautes Instructions Royales, n’a pas été simple.
«Nous avons surmonté l’épreuve de la Covid-19 grâce à l’Equipe Maroc, dont les différentes composantes, pouvoirs publics, opérateurs privés et acteurs sociaux, se sont mobilisées pour travailler en synergie (…) La Covid avait coïncidé avec la campagne agricole, qui représente un temps fort de notre activité (…) Nous avions pour défi de gérer les opérations de façon intelligente. Nous avons misé sur la digitalisation et sur la coordination avec les ministères et les partenaires et toutes les difficultés ont pu être dépassées», a témoigné le PDG de Cosumar, Mohammed Fikrat, à l’occasion.
IndustrieAgroalimentaire, le nouveau souffle du contrat-programme
Bonne performance globale, pour le secteur, dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI): plus de 91058 nouveaux emplois ont été créés durant la période 2014-2020, plaçant le secteur parmi les principaux pourvoyeurs d’emplois industriels. Même tendance, pour les exportations qui ont connu une croissance de plus de 40% durant cette période passant de 23,4 MMDH en 2014 à 32,8 MMDH en 2020. Une performance confirmée par les résultats enregistrés par les 7 filières (valorisation des fruits et légumes frais, industrie des pâtes et couscous, industrie de l’huile d’olive, industrie des viandes, transformation des fruits et légumes, industrie laitière et biscuiterie chocolaterie et confiserie) qui font l’objet du contrat-programme 2017-2021. Dans le cadre de ce dernier, 283 investissements, répartis sur toutes les régions, d’un montant global de 8MMDH, sont, actuellement, en cours d’accompagnement, à travers les mécanismes du Fonds de développement industriel et d’investissement (FDII) et le Fonds de développement agricole (FDA). Ils permettront de générer, à terme, plus de 21.290 emplois, un CA de 23,5MMDH et un CA à l’export de 6,9MMDH.
Plusieurs mesures d’accompagnement concrètes et ciblées ont été mises en œuvre pour booster le développement du secteur. Ainsi, des mesures spécifiques ont concerné l’appui à l’investissement, le soutien à l’exportation et l’appui à la commercialisation. D’autres mesures, transverses, ont, elles, porté sur l’accélération de l’innovation produit, la relance du Centre technique des industries agroalimentaires (CETIA) et l’appui à la certification/normalisation et à la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI). A cette fin, un cofinancement public-privé de12MMD (4MMDH à travers le FDA et FDII et 8MMDH assurés par les opérateurs privés) a été mis en place.
Le secteur doit sa réussite aux réformes et projets qui l’ont mené à maturation. Le Ministère de l’Industrie et le Ministère de l’Agriculture ont uni leurs efforts dans cette ambition. Après la signature, en 2014,d’un mémorandum d’entente devant le Souverain, visant à élaborer une feuille de route stratégique du secteur, le contrat-programme pour le développement des industries agroalimentaires a été mis en œuvre. Objectif : assurer une meilleure convergence et complémentarité entre la stratégie industrielle et la stratégie agricole afin de renforcer l’intégration entre l’amont agricole et l’aval de transformation et accélérer le développement du secteur.
«Le contrat-programme a permis de donner une meilleure visibilité et un nouveau souffle à notre secteur», a affirmé le Président de l’Association marocaine des Industries de Pâtes et Couscous (AMIPAC), Hassan Khalil. Dans son témoignage, ce dernier a souligné le rôle important qu’a joué le contrat-programme dans la promotion de l’investissement et l’export «de produits marocains plus compétitifs. Nous avons, créé le label Coucous Maroc grâce à ce contrat-programme».
Industrieagroalimentaire : le marché local, un levier pour le développement
Nombre de projets, nés dans le secteur de l’agroalimentaire, ont été réalisés dans le cadre de la banque de projets, lancée par le Ministère de l’Industrie, en septembre dernier, pour la substitution de l’importation par la fabrication locale. A ce jour, 122 projets d’investissement dans le secteur agroalimentaire, d’un montant global de 3,7 MMDH, ont été validés. Permettant de générer plus de 13000 emplois, ces investissements représentent un potentiel de CA de 5,1 MMDH et de 2,1 MMDH à l’export. En d’autres termes, le Maroc n’aurait plus à importer 5 MMDH et exporterait 2MMDH de plus. La balance commerciale du Maroc gagnerait alors 7 MMDH.
Pour soutenir cette dynamique, le marché local représente un levier de développement certain pour l’agroalimentaire. «On ne fera pas de développement agroalimentaire sans que le consommateur ne continue à prendre conscience que son pays est capable de produire largement ce dont il a besoin avec les qualités qu’il souhaite», a insisté M. Elalamy. L’agroalimentaire est donc appelé, aujourd’hui plus que tout autre jour, à être à l’écoute du marché local pour répondre au mieux à ses besoins et contribuer à son développement.
Le Président de l’Association des biscuitiers, chocolatiers et confiseurs (AB2C), Rachid Sraidi, a souligné l’importance pour le secteur d’exploiter le potentiel du marché local en développant une offre destinée au consommateur marocain «de plus en plus exigeant». «C’est à travers une offre de bonne qualité et de produits innovants qu’on pourra stimuler l’appétit du consommateur, se substituer à l’export et exploiter le potentiel», a-t-il précisé.
La Grande et moyenne surface (GMS) a, elle, un rôle capital à jouer dans ce «stimulus». En tant que locomotive, la GMS constitue un important canal de distribution pour le produit marocain. Le Ministère de l’Industrie a travaillé avec le GroupeMarjane sur le développement de son sourcing local auprès des opérateurs nationaux et les résultats n’ont pas tardé à se révéler probants. «On a établi un plan d’action et des objectifs dans le cadre d’une action volontariste et pédagogique de sourcing local auprès de l’agroalimentaire et du textile marocains avant de passer à d’autres secteurs», a annoncé le PDG du Groupe Marjane, Ayoub Azami, soulignant que cette initiative a bien montré le pouvoir d’adaptation des industriels marocains en termes de transformation et de substitution. La GMS a réalisé que la qualité du produit local est meilleure, qu’elle coûte beaucoup moins cher et que le stockage n’est plus nécessaire.
Industrie agroalimentaire, des défis à relever
A présent, il faudra exploiter au maximum le «made in Morocco» et surtout le valoriser. Pour y parvenir, le secteur devra accélérer la cadence de sa dynamique pour relever les défis auxquels il fait face. «Le premier est la souveraineté alimentaire du Royaume. Conformément aux Hautes Orientations Royales, nous nous attelons à travailler sur notre indépendance alimentaire», a déclaré le ministre.
Pour le Président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri), Abdelmounim El Eulj, le secteur entre au«stade de la compétitivité». Un enjeu de taille qui impose aux professionnels, selon M. El Eulj, de s’investir plus dans la R&D, l’innovation, les ressources humaines, la logistique, ainsi que dans le processus de la décarbonation et la digitalisation.
Se préparer au marché local, répondre au mieux à la demande du consommateur, le secteur agroalimentaire devra s’atteler à l’amélioration de la valeur ajoutée du produit et du rapport qualité/prix. C’est un critère essentiel pour renforcer sa compétitivité face à la concurrence des produits étrangers en vente sur le marché local et conquérir d’autres marchés à l’export.
«Aujourd’hui, les enjeux du secteur se trouvent dans l’innovation, la compétitivité et la R&D. Nous avons un consommateur exigeant et nous sommes face à des accords de libre-échange où la concurrence est rude. Ces enjeux sont donc une question de survie, mais aussi, une opportunité», a affirmé le PDG de la Compagnie chérifienne de chocolaterie (Aiguebelle), Amine Berrada Sounni.
Enjeux, le secteur devra fait face à plusieurs. Le DG de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), Saïd Mouline, a mis l’accent sur l’importance du développement durable. «Ce concept n’est plus un luxe, mais un must. Cette pandémie nous a donné beaucoup de leçons : nous n’avons plus le droit de gaspiller tous les intrants, l’énergie, les matières premières, l’eau… Cela doit être géré tout comme les déchets agricoles qui représentent une énorme niche», a-t-il affirmé, précisant que la mise en place prochaine d’une taxe carbone impose aux produits marocains la décarbonation pour qu’ils soient exportables. M. Mouline a souligné, à cet égard, l’importance de l’utilisation des énergies renouvelables et de la biomasse pour réduire la facture énergétique des industriels et leur permettre de fabriquer des «produits nationaux exportables, décarbonés et compétitifs».
Un secteur fort appelé à être un des leviers du développement futur, c’est ce que préconise le NMD. Le Ministère en a fait un chantier sur lequel il travaille depuis des années en poursuivant, à présent, la mise en place et la modernisation des écosystèmes pour mieux accompagner l’investissement. Compétitivité oblige, le secteur se doit de relever également le défi majeur de la formation en fonction des attentes des industriels. «Il faut rester à l’écoute du besoin», a recommandé le ministre. «Le capital humain est capital», a lancé le PDG de Cosumar, soulignant que le développement de l’industrie agroalimentaire a un rôle important à jouer dans le développement de l’agriculture et auprès des agriculteurs. «On ne peut relever les défis sans un capital humain de qualité. Il ne suffit pas d’avoir des ressources humaines diplômées, il faut développer et perfectionner des compétences tout au long de la vie. Nous avons la chance que plusieurs politiques aient été lancées dans cet objectif. A titre d’exemple, les cités des métiers lancées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, qui couvrent les 12 régions», a souligné M. Fikrat.
Le secteur agroalimentaire peut exploiter plus et mieux le marché local. «Notre slogan, c’est que nous sommes capables de produire mieux et moins cher chez nous avec de la main-d’œuvre marocaine. Ce produit national made in Morocco doit prendre toute sa place», estime M. Elalamy, appelant à l’amélioration de la logistique du secteur et à optimiser les plateformes. «Les grandes entreprises arrivent à organiser leur chaine de distribution comme elles le souhaitent. Les PME peinent à le faire et le coût de la logistique reste important que ce soit au marché local ou à l’export. Nous devons nous y atteler», a-t-il insisté, rappelant que le produit marocain qui s’exporte a tissé une bonne réputation grâce à sa grande qualité.
De nouveaux combats «parce que les Marocains le valent bien»
Face aux enjeux, «les combats ne sont pas tous faciles, plus ils sont complexes, plus ils sont intéressants», a lancé le ministre, affirmant que le Maroc est fier d’avoir des industriels d’exception qui l’ont montré de façon magistrale. «Pour ces multiples raisons, on ne va pas s’arrêter. Nous avons une population qui a changé au fil du temps, ses besoins et sa tolérance ont changé, elle devient moins tolérante vis-à-vis de la mauvaise qualité même importée. La population a compris qu’elle doit accompagner l’industriel parce qu’il fait travailler de la main-d’œuvre marocaine, nos enfants», a souligné le ministre, constatant «une prise de conscience collective».
L’avenir du secteur s’annonce prometteur : «La pente est encore plus raide, mais plus agréable au sommet de la colline et nous allons y travailler ensemble parce que les Marocains le valent bien».