Pollution des eaux à Béni Mellal : L’Agence du Bassin Hydraulique sonne l’alarme face aux déchets des huileries

Dans un contexte où la région de Béni Mellal-Khénifra souffre déjà d’une grave pénurie d’eau, la pollution des nappes phréatiques et des rivières par les margines, ces déchets liquides issus des huileries, vient aggraver la situation. Cette pollution, non seulement met en péril l’environnement mais menace directement les sources d’eau potable dont dépend une grande partie de la population locale.

Conformément aux Hautes Instructions Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, visant à préserver les ressources stratégiques du pays, l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbia (ABHOM) multiplie ses efforts pour sensibiliser et agir contre ce fléau. En effet, alors que la culture de l’olivier connaît un essor rapide dans la région, le rejet incontrôlé des margines est devenu un véritable problème, menaçant à la fois l’écosystème et la santé des habitants.

Une pollution qui asphyxie l’écosystème local

Les margines, riches en matières organiques et en composés toxiques, ont un impact destructeur sur les ressources en eau. Selon un rapport de l’ABHOM, cette pollution entraîne la disparition progressive de la faune et la flore aquatiques. Les poissons, algues et autres organismes vivants sont directement affectés, perturbant ainsi l’équilibre écologique des rivières et des nappes phréatiques. Pour la population de Béni Mellal, cela se traduit par une dégradation de la qualité de l’eau, une ressource déjà précieuse dans cette région aride.

Le manque d’eau : une préoccupation quotidienne

Dans une région où l’agriculture constitue un pilier essentiel de l’économie locale, la raréfaction de l’eau, aggravée par la pollution, devient un fardeau insoutenable pour les agriculteurs et les habitants. Les canaux d’irrigation obstrués par les margines réduisent l’accès à l’eau pour les cultures, mettant en péril les récoltes et les moyens de subsistance de nombreuses familles. La situation est d’autant plus critique avec la sécheresse croissante qui frappe le Maroc ces dernières années.

Des sanctions sévères pour les contrevenants

Face à cette situation alarmante, l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbia rappelle que la loi 36-15 sur l’eau prévoit des sanctions strictes pour ceux qui continuent à rejeter ces déchets dans les cours d’eau. Les propriétaires d’huileries qui ne respectent pas les réglementations risquent des amendes pouvant aller de 10 000 à 500 000 dirhams. Toutefois, la question reste de savoir si ces mesures seront suffisantes pour freiner ce comportement irresponsable, ou si des actions plus décisives doivent être entreprises pour sauver les ressources hydriques de la région.

Des solutions existent, mais sont-elles appliquées ?

Pour contrer ces effets destructeurs, l’ABHOM propose plusieurs solutions pratiques. Parmi elles, l’installation de bassins imperméables dans les huileries pour stocker les margines et favoriser leur évaporation de manière contrôlée. L’Agence travaille également sur des projets de traitement des margines, en partenariat avec des acteurs locaux et nationaux, et en soutenant financièrement des stations de traitement dans la région.

Cependant, malgré ces initiatives, beaucoup d’huileries dans la région de Béni Mellal continuent de rejeter leurs déchets dans la nature, faute de contrôles suffisants ou de moyens financiers pour adopter les solutions proposées. Les agriculteurs locaux, déjà impactés par les coûts de production élevés, hésitent souvent à investir dans des infrastructures écologiques sans aide substantielle.

Un appel à la mobilisation collective

Face à cette situation, l’Agence du Bassin Hydraulique de l’Oum Er-Rbia appelle à une mobilisation collective. Il ne s’agit pas seulement d’une question environnementale, mais d’un enjeu vital pour la région de Béni Mellal, où l’accès à l’eau est essentiel pour la survie économique et sociale de ses habitants. Les propriétaires d’huileries, les autorités locales, et la société civile doivent tous s’engager activement pour préserver ce bien précieux.

La production d’huile d’olive, secteur clé pour la région, peut et doit devenir un modèle de développement durable. En adoptant des pratiques responsables, il est possible de concilier croissance économique et respect de l’environnement, pour le bien de tous.

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.