Pathologie et Entretiens des Routes (Partie IV/IV)
Dans cette dernière partie, M.Mohamed Jamal Bennouna se penche sur les déformations de chaussées et l’Entretien des routes.
Déformations de chaussées – L’affaissement de rive
Cet affaissement se traduit par un enfoncement prononcé et localisé au niveau de la partie de la chaussée située entre la bande d’arrêt d’urgence (ou le bas coté) et la bande de roulement de rive.
Cause probables de l’affaissement de rive
– Erreur de conception de la voierie
- ü Le sous-dimensionnement de l’assise ou le sol formant le support de la chaussée sont généralement les causes de ces déformations.
– Erreur d’exécution des travaux ou de conception de la voierie
- ü Le drainage des eaux pluviales lorsqu’il est défectueux, peut être la cause de ces déformations.
– Agents climatiques
- ü Le retrait hydrique du sol conséquent de l’interaction climat-végétation est l’une des causes de ces déformations de la chaussée. Ce phénomène se traduit dans le temps par une dégradation aggravée de la route et ce par la présence d’eau qui reste stockée dans son bas-côté.
Évolution des déformations
– Ces pathologies peuvent engendrer l’apparition d’un faïençage au droit de l’affaissement de la chaussée
L’entretien des routes
La maintenance des routes (nationales, urbaines soit elles ou autoroutes) a pour objectif principal et primordial d’assurer au mieux le fonctionnement normal, sûr et surtout performant du réseau de voirie, de circulation et de préserver le patrimoine routier de toute dégradation ou pathologie possible pouvant mettre en danger les usagers de la route. Un bon gestionnaire de ces routes devrait veiller à maintenir une maintenance régulière pouvant limiter les impacts sur ces infrastructures tout en minimisant les coûts globaux et les interventions d’entretien répétitives. A ce propos, il ne faut pas oublier que les interventions sur les routes ; en vue de les réparer ou les renforcer ; présentent une gêne d’une part, et d’autre part présente une insécurité pouvant être grave, voire meurtrière aux usagers de la route.
Il faut reconnaitre que l’entretien régulier, permanant et continu dans l’espace et dans le temps est très insuffisant au niveau du réseau routier marocain.
L’entretien des routes est un investissement à long terme devant être vu et perçu comme un moyen de minimisation des risques d’accidents dus au mauvais état de la chaussée de roulement. Le citoyen ; en qualité de contribuable et utilisateur de la route ; a le doit d’être protégé contre les aléas produits par les pathologies et dégradations de la route.
La sécurité a un coût mais n’a pas de prix.
4 – Durée de vie de la couche d’usure
Les informations présentées dans le rapport en 2015 de l’association mondiale de la route ont été collectées en utilisant un questionnaire. Ce rapport décrit le questionnaire, les réponses à celui-ci et une brève analyse des résultats recueillis auprès de 21 pays :
Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Chine, Équateur, Estonie, France Allemagne, Lituanie, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Afrique du sud, Espagne, Suède, Suisse, Uruguay.
La question qui a été posée par l’association mondiale de la route à ces 21 pays s’annonce comme suit :
« Quelle est la durée de vie des couches d’usure des voieries ? »
Les réponses étaient tellement différentes d’un pays à l’autre que le rapport a conclu comme suit :
« La durée de vie d’une couche d’usure dépend de plusieurs facteurs tels que le type de la couche d’usure, la quantité de trafic, le climat et la construction de couche de base. Utilisant les réponses d’un questionnaire, ce rapport a passé en revue différentes approches adoptées par des autorités gestionnaires de voiries afin de déterminer la durée de vie des couches d’usure. La large variété de réponses a démontré qu’une réponse simple à la question « Quelle est la durée de vie prévue d’une couche d’usure » n’existe pas.
Conclusion :
A travers toutes les analyses réalisées ci-dessus et relatives aux pathologies des chaussées des routes, il ressort que la route est un matériau vivant et qui produit des interactions avec son utilisation, avec le climat ainsi qu’à son environnement. La chaussée réagit à plusieurs facteurs qui peuvent provenir de plusieurs sources :
– L’utilisation des routes par des camions lourds
– La conception de la chaussée et des couches qui la constituent peut être à la base des pathologies naissantes au moment de l’exploitation de la route ;
– L’exécution des travaux a une grande influence sur la capacité de la route à résister aux différentes contraintes et sollicitations auxquelles elle sera confrontée à subir durant sa vie ;
– Le suivi ainsi que le diagnostic des dégradations par l’exploitant est d’une importance capitale pour allonger et prolonger la durée de vie de la route ;
– L’entretien permanent et continu constitue à lui seul le facteur déterminant pour faire prolonger la durée de vie de la chaussée. Un programme d’entretien consolidé par des méthodes de réparation se présente comme le seul et unique garant de la qualité de la route lui permettant d’assurer la sécurité des usagers et permettre une utilisation confortable et sans risque d’accidents aux citoyens.
Mohamed Jamal BENNOUNA
Ingénieur ESTP Expert MRICS et Docteur en Droit
Professeur associé au CNAM Paris- EHTP – ISCAE – UIR – ESCA
Email: icotex.bennouna@gmail.com