L’innovation doit couvrir le spectre des activités de l’entreprise
L’innovation se doit de couvrir tout le spectre des activités de l’entreprise et remettre en profondeur son modèle de rentabilité, a estimé Soromfe Uzomah, responsable « Partenariats stratégiques » à Microsoft 4Afrika.
L’innovation est extrêmement importante pour les entreprises, toutes catégories et tous secteurs confondus, a souligné M. Uzomah dans un article intitulé: « Les PME africaines doivent-elles commencer à revoir leurs modèles d’entreprise en cette période post-covid? », relevant que les nombreux changements actuels, qui ont été induits par la pandémie, ont permis de créer de nouvelles opportunités pour les entreprises, tout en permettant à ces dernières d’explorer de nouvelles possibilités.
Chaque entreprise repose sur un modèle donné, mais celui-ci doit parfois connaître certains changements afin de lui permettre à être rentable, de connaître le succès et d’assurer sa survie, a indiqué M. Uzomah, notant que même des changements mineurs apportés à un modèle d’entreprise peuvent s’avérer être particulièrement bénéfiques aussi bien pour les entreprises que pour leurs clients et partenaires.
« Si la plupart des innovations sont progressives, la modification d’un modèle d’entreprise est cependant beaucoup plus radicale, puisqu’elle est de nature à modifier en profondeur les fondements sur lesquels une entreprise donnée fonctionne », a-t-il dit, relevant que cela implique des risques certes plus élevés pour cette entreprise, mais aussi davantage de chances de survie et de succès sur le long terme.
« Il suffit pour ce faire de penser à des entreprises telles que Uber, AirBnB ou Spotify, qui ont réussi à bouleverser les modèles d’entreprise traditionnels », a soutenu M. Uzomah.
Les périodes de changement sont propices aux nouvelles réflexions
D’après le responsable « Partenariats stratégiques » à Microsoft 4AfriKa, durant les périodes où surviennent des changements importants, tels que ceux découlant d’une pandémie internationale ou impliquant une perturbation importante du commerce mondial, il est pertinent pour les entreprises de commencer à réfléchir à la manière avec laquelle leur environnement commercial évolue et aux changements pouvant être implémentés à leurs modèles commerciaux.
« Qu’il s’agisse de réinventer un modèle d’entreprise, de s’adapter ou d’expérimenter de nouvelles possibilités, dans le but de faire face aux fluctuations d’un secteur, d’adopter une approche non conformiste afin de révolutionner un secteur donné, ou d’adopter une approche aventurière en explorant ou en se développant au sein de territoires totalement nouveaux, les entreprises ne peuvent plus aujourd’hui se permettre le luxe de la complaisance », a-t-il souligné.
Citant McKinsey, M. Uzomah a relevé que l’Afrique est composée d’un conglomérat de marchés très vastes qui sont encore insuffisamment desservis. C’est pourquoi, les entreprises doivent faire preuve d’imagination dans le but de combler toutes les demandes non satisfaites et les problèmes non résolus.
Dans cette dynamique, poursuit-il, les petites et moyennes entreprises (PME) ont un rôle essentiel à jouer afin d’accélérer le développement économique, mais aussi afin de répondre aux besoins non satisfaits des marchés du continent et surtout de créer des emplois pour des millions de jeunes.
Il a, dans ce sens, mis l’accent sur quatre pratiques d’innovation qui doivent être urgemment adoptées, à savoir, créer des produits et des services à même de répondre aux besoins non satisfaits de l’Afrique, repenser les modèles commerciaux pour être encore mieux engagés auprès des clients, réduire les charges, coûts et prix et exploiter la technologie pour réussir à déclencher la prochaine vague d’innovations.
« Les startups et les PME sont avantagées par rapport aux grandes entreprises, car elles sont en mesure de réadapter et d’itérer à souhait et en toute agilité leurs modèles commerciaux. Il ne s’agit pas de suggérer que les grandes entreprises sont incapables de faire de même, car nous savons que plusieurs grandes entreprises bien établies ont réussi à remettre en question leur modèle d’entreprise existant et à se réorganiser en un temps record. Pensez, par exemple, à Microsoft, qui a cessé d’être principalement une société de matériel informatique pour se concentrer davantage sur le cloud », a expliqué M. Uzomah.
Un continent d’innovateurs
Si l’Afrique a été technologiquement laissée pour compte ces dernières décennies, « elle est aujourd’hui en train de rapidement se transformer en un foyer d’innovation », affirme le responsable à Microsoft 4Afrika, ajoutant que le continent, dans son ensemble, est devenu un innovateur enthousiaste dans les domaines liés aux technologies numériques et mobiles.
« De nombreux défis sont certes encore à relever, mais la graine de l’innovation a cependant déjà pris racine. Les startups et PME africaines, ainsi que les organisations à but non lucratif et les grandes entreprises, utilisent des technologies innovantes pour pouvoir répondre aux besoins les plus urgents exprimés par leurs communautés », a-t-il précisé.
Certaines startups telles que Twiga Foods, M-Kopa Solar et Farmerline, qui sont partenaires de Microsoft 4Afrika, ont déjà ouvert la voie de l’innovation, selon lui, ajoutant qu’elles ont par exemple réussi à relever des défis aussi variés que la professionnalisation de l’économie de marché de l’Afrique de l’Est, mais aussi apporter des prévisions météorologiques mobiles régulières aux petits exploitants ruraux ou installer des stations solaires abordables et accessibles au plus grand nombre.
Et de rappeler que la fintech nigériane Flutterwave a figuré sur la liste 2021 des 100 entreprises les plus influentes du monde dans la rubrique « Pioneers » du magazine TIME, pour ses efforts à encourager les paiements numériques auprès des entreprises africaines.
« L’approfondissement des capacités concurrentielles du continent est essentiel si nous souhaitons diversifier les économies du continent. C’est le grand avantage de l’utilisation généralisée de la technologie. La transformation numérique a joué un rôle important dans le but de faire progresser l’innovation et d’aider les entrepreneurs africains à trouver des moyens ingénieux en vue de résoudre leurs problèmes locaux », estime M. Uzomah.
L’économie de l’invention doit devenir une économie de l’innovation
L’économie de l’invention, qui sert de véritable pépinière pour les bonnes idées, mais qui continue à souffrir d’un manque flagrant en produits évolutifs, se doit de devenir une économie de l’innovation, qui soit à même de proposer des produits compétitifs capables d’être fabriqués à grande échelle, a dit M. Uzomah ajoutant que dans ce contexte, l’invention est importante, mais qu’elle ne devient innovation que lorsqu’elle est capable de résoudre des problèmes pour les clients et que son modèle commercial soit habilité à créer de la valeur.
L’innovation en Afrique reste souvent entravée par les contraintes liées aux ressources (techniques et humaines), mais aussi par un manque d’accès au financement pour les PME et d’infrastructures adéquates qui rendent extrêmement difficiles le fait de produire des bénéfices et de générer la croissance nécessaire afin de réussir à survivre.
« Nous devons renforcer les écosystèmes de l’innovation en Afrique, afin que les PME et les startups puissent facilement prospérer au sein d’un monde compétitif. Les entreprises africaines doivent commencer à progressivement innover dans le but de s’assurer que les biens et les services qu’elles produisent sont à même de répondre aux besoins inexploités des clients », souligne M. Uzomah qui relève que les accélérateurs et les centres d’innovation ont un rôle important à jouer dans l’épanouissement des talents et dans l’identification et le soutien des futurs unicornes.
Si la pandémie de la Covid-19 a posé d’importants défis aux PME, elle représente également une opportunité capable de les pousser à tirer le meilleur parti de leurs ressources. Ainsi, l’innovation en matière de modèle économique est l’un des moyens les plus efficaces pour les entreprises pour se démarquer de la concurrence et pour assurer leur avenir, en particulier durant les périodes de turbulences.