Les hausses du taux directeur rendent le crédit immobilier plus cher
Acquérir un bien immobilier sera plus compliqué en 2023, et ce, après les hausses du taux directeur. Selon Bachir Benslimane Bellemlih, PDG d’Afdal.ma, comparateur en ligne de crédits immobiliers au Maroc, la hausse du taux directeur de BAM sera particulièrement ressentie concernant les crédits immobiliers.
« Si la remontée du taux directeur de BAM s’apprête à avoir un impact sur la production d’emprunts de façon globale, c’est d’autant plus le cas du côté des crédits immobiliers. En effet, c’est directement auprès de la Banque centrale que les banques destinées au grand public s’approvisionnent en liquidités. Or, si cet argent coûte plus cher aux banques commerciales, celles-ci vont nécessairement le répercuter sur leurs clients, en proposant elles-mêmes des prêts immobiliers à des taux plus importants », souligne-t-il.
Il en résulte une hausse prévisible des taux d’intérêts des crédits immobiliers. Les personnes ayant un projet d’acquisition seront donc contraintes de passer à l’action plus rapidement que prévu. « Cette hausse du taux directeur est une mauvaise nouvelle pour les emprunteurs. Pour ceux qui prévoient d’acheter un bien immobilier, il faut qu’ils agissent vite avant que les taux de crédit ne remontent par effet de rattrapage », explique M. Bellemlih.
Cela impliquera également une plus forte surveillance et exigence dans l’octroi des crédits de la part des banques. « Un dossier qui pourrait passer à un instant donné peut être refusé le mois suivant. Tant que les banques n’auront pas répercuté ces hausses de coûts, elles seront très sélectives sur les dossiers des emprunteurs. C’est pour cela qu’il faut actualiser ces simulations très régulièrement », indique notre interlocuteur.
Avec un pouvoir d’achat rogné par l’inflation, et des conditions de crédits plus resserrées, la concrétisation d’achat d’un bien immobilier sera plus compliquée en 2023. « Même si le prêt bancaire restera encore bon marché lorsque l’on souhaite investir dans l’immobilier, il est donc essentiel, durant les prochains mois, de préparer son dossier de financement avec beaucoup plus de minutie qu’auparavant, en se faisant accompagner, par exemple, par un courtier, qui saura tirer toutes les ficelles pour présenter le dossier le plus solide qui soit aux banques », poursuit Bachir Benslimane Bellemlih.
Cette année, les ménages seront affectés par la hausse des taux. Néanmoins, chacun le sera à des niveaux différents. Les plus touchés par la hausse des taux d’intérêts des crédits immobiliers seront les nouveaux acquéreurs, c’est-à-dire les primo-accédants qui souhaitent acheter leur premier bien immobilier ou encore ceux qui souhaitent acheter un nouveau bien immobilier à travers un prêt bancaire.
La seconde catégorie de personnes qui sera affectée par la hausse du taux directeur sera celle détenant un crédit immobilier à taux variable en cours de remboursement. « S’ils confèrent en effet un certain nombre d’avantages, les prêts à taux variables peuvent mettre en danger la solvabilité des emprunteurs en cas de remontée rapide des taux d’intérêt comme c’est le cas actuellement », souligne le PDG d’Afdal.ma.
En effet, la majorité des taux contractés pour un crédit immobilier au Maroc sont des taux fixes. C’est une pratique qui est plus risquée pour la banque, alors qu’avec un taux variable, elle transfère ce risque à l’emprunteur en cas de remontée des taux. « De ce fait, les ménages ayant déjà des crédits en cours à un taux d’intérêt fixe ne verront pas de différence sur leurs échéances, en revanche ceux ayant des crédits à taux variable verront progressivement leurs mensualités augmenter sur les semaines et mois à venir. »