Le futur ou bien les perspectives du BTP au Maroc semblent fébriles pour 2023. Les fabricants de matériaux de construction vont encore devoir composer avec de nombreux facteurs conjoncturels comme structurels. En parallèle, les professionnels font face à plusieurs défis, notamment la hausse des prix des énergies, la flambée des cours des matériaux, et le manque remarquable des chantiers.
L’année 2022 et son cortège de difficultés économiques ont impacté l’ensemble des secteurs d’activité, dont l’industrie des produits de construction. Les conséquences de la pandémie de Covid sur les chaînes mondiales d’approvisionnement, encore palpables, la déstabilisation des marchés engendrée par le conflit en Ukraine, l’inflation, le relèvement des taux d’intérêt et l’incertitude géopolitique globale n’ont pas vraiment rassuré les entreprises.
Récemment, le Haut-commissariat au plan (HCP) a indiqué dans une note conjoncturelle sur l’emploi que le secteur du BTP au Maroc a connu une hausse importante du chômage : et souffre d’une chute d’activité significative.
Pour le BTP, la baisse des chantiers a été visible pendant l’année dernière à cause de l’importante inflation qui a touché les matériaux de construction en plus de la faible demande sur les logements. Ce secteur a ainsi perdu 1.000 postes d’emploi en 2022.
En effet, au titre de l’année 2022, le nombre d’entreprises défaillantes au Maroc s’est établi à 12.397, soit en hausse de 17,4% par rapport à l’année 2021 ressort-il d’une étude réalisée par le cabinet Inforisk, dont 15% dans le Bâtiment et Travaux publics (BTP).
Asphyxie, mobilisation et solutions
Une autre preuve de cette asphyxie du secteur, qui a nécessité la mobilisation du ministre de l’Equipement, Nizar Baraka, a annoncé, la mi-janvier, la création par son département d’un observatoire dédié aux difficultés qu’affrontent les entreprises du bâtiment et travaux publics. Le ministre a en outre indiqué qu’il est en train d’examiner une lettre qu’ont récemment envoyée ces entreprises à Aziz Akhannouch.
« Nous accompagnons la mise en œuvre de la circulaire du chef du gouvernement en faveur de ces entreprises, pour lesquelles nous avons créé, outre un observatoire, une commission chargée d’étudier les prix des composantes des matières premières», a déclaré Nizar Baraka lors d’une séance des questions orales au sein la Chambre des conseillers, notant que qu’il s’agit d’une nouveauté.
Il a rappelé, à cette occasion, qu’un des points de la circulaire d’Aziz Akhannouch a permis d’annuler des amendes d’un total de 4 milliards de dirhams. «Le secteur des entreprises du BTP est important puisqu’il contribue au développement du pays et emploie un million de personnes. Face à la hausse des prix des matières premières, la même circulaire a évité la faillite à de nombreuses entreprises. En conséquence, nous avons, aux termes de cette circulaire, prolongé de six mois la non-exécution des chantiers pour éviter des amendes de 4 milliards de dirhams», a-t-il souligné.
Le ministre a mis, à cette occasion, en évidence l’opération de lancement des marchés publics: «A lui seul, mon département a lancé l’exécution de 100 appels d’offres, soit 99% de l’ensemble du programme prévu. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire une évaluation du bilan et d’examiner la récente lettre envoyée au chef du gouvernement par ces sociétés afin de voir les possibilités d’introduire de nouvelles mesures.» En conclusion, le ministre de l’Equipement et de l’eau a rappelé que le nouveau décret relatif à l’octroi des marchés publics apporte une série d’avantages pour les entreprises du BTP.
Baraka, rappelons-le, était interrogé lors de cette séance des questions orales par le conseiller parlementaire de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Abdelkrim Mehdi. «La récente circulaire du chef du gouvernement a permis de répondre positivement à certaines attentes, mais des points restent en suspens, tels que la restitution des retenues de garantie, l’établissement des avenants et la révision des prix», a déclaré le représentant du patronat. Selon lui, la CGEM recommande «une stricte application de la circulaire du chef de gouvernement, la possibilité de prolongation du délai de cette circulaire, l’accélération du mode d’indexation et la révision des prix sur des bases réelles».
Il a en outre félicité, au nom du groupe de la CGEM, le gouvernement «pour le récent décret dédié aux marchés publics qui favorise la préférence des TPME -pour le mieux disant-, et qui accorde l’offre spontanée et le gré à gré». Et de conclure en demandant à l’exécutif d’«accélérer la mise en œuvre de ce décret».