Le Maroc en première ligne pour la gestion des chiens et chats errants

Le phénomène des chiens et chats errants au Maroc est une problématique complexe qui interpelle de plus en plus les autorités locales et la société civile. Conscient des enjeux sanitaires, sociaux et environnementaux que ce phénomène représente, le Royaume s’est engagé dans une démarche structurée pour y faire face. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts visant à promouvoir les services publics liés à la prévention sanitaire et à la salubrité publique.

Le ministère de l’Intérieur, par le biais de la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT), a pris la tête de cette lutte en apportant un soutien juridique, financier et technique accru aux collectivités territoriales. Ce soutien est matérialisé par l’acquisition de véhicules spécialisés et de matériel de capture des animaux errants, avec un budget atteignant près de 70 millions de dirhams (MDH) au cours des cinq dernières années.

Un pas décisif a été franchi en 2019 avec la signature d’une convention de partenariat entre la DGCT, le ministère de la Santé, l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) et l’Ordre national des vétérinaires. Ce partenariat a permis de structurer les efforts en matière de capture, de stérilisation, de vaccination et de réintégration des chiens errants dans leur milieu d’origine, tout en respectant le bien-être animal.

Le modèle de gestion adopté s’inspire des meilleures pratiques internationales, comme en témoigne le dispensaire animalier de Rabat-Salé-Kénitra. Cet établissement, géré par l’Association marocaine de protection des animaux et de la nature (AMPANA), applique la technique « TNR » (Trap-Neuter-Release), qui permet de contrôler la population animale errante tout en garantissant la sécurité publique.

Afin de généraliser cette approche à l’ensemble du territoire national, le ministère de l’Intérieur a alloué, jusqu’à fin juillet 2024, près de 80 MDH pour la construction et l’équipement de dispensaires animaliers dans plusieurs villes du Maroc. Ces infrastructures, situées notamment à Oujda, Tanger, Ifrane, et Casablanca, sont conçues selon les normes internationales en matière de protection animale.

Le ministère a également lancé un programme ambitieux visant la création de 130 Bureaux communaux d’hygiène (BCH) d’ici 2025, avec une enveloppe globale d’un milliard et 40 millions de dirhams. Ces bureaux seront dotés de personnel médical et vétérinaire qualifié pour assurer la gestion des animaux errants et lutter contre la rage, tout en améliorant les conditions d’hygiène publique.

La gestion des chiens et chats errants ne se limite pas à la capture et au traitement des animaux. Elle implique également une réflexion plus large sur les sources de nourriture qui encouragent leur multiplication, notamment les décharges et les abattoirs. Le ministère soutient ainsi les collectivités locales dans la modernisation de ces infrastructures pour réduire leur impact sur la prolifération des animaux errants.

Sur le plan législatif, un projet de décret est en cours d’élaboration pour appliquer la loi n° 56.12 relative à la prévention et à la protection des personnes contre les dangers des chiens errants. Cette initiative vise à renforcer le cadre juridique tout en respectant le principe du bien-être animal.

Le Maroc, à travers ses différentes initiatives, démontre sa volonté de gérer de manière efficace et humaine le phénomène des chiens et chats errants. Ce défi, qui combine des aspects sanitaires, sociaux et environnementaux, nécessite un engagement collectif de la part des autorités, des collectivités locales et de la société civile. À terme, ces efforts devraient permettre non seulement de contrôler la population animale errante, mais aussi d’améliorer la qualité de vie des citoyens et de renforcer la sécurité publique.

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