Le Bâtiment et travaux publics (BTP), secteur vital pour la réalisation des programmes nationaux d’infrastructures et de logement de grande envergure, est appelé aujourd’hui à relever d’énormes défis liés notamment à la flambée des prix des fournitures et aux difficultés d’approvisionnement, ainsi qu’à la persistance de la problématique d’estimation des marchés publics (casse des prix).
La hausse généralisée des prix des matières premières comme le ciment, l’acier, le bois et les produits pétroliers et leurs dérivés, en plus des perturbations logistiques et du conflit Russie-Ukraine, sont les principaux enjeux auxquels le secteur devra faire face.
D’ailleurs, les derniers chiffres de l’Association professionnelle des cimentiers (APC) reflètent cette conjoncture délicate pour les professionnels du secteur.
En effet, les livraisons de ciment ont atteint plus de 9,38 millions de tonnes à fin septembre dernier, en baisse de 8,33% comparativement à la même période un an auparavant. Pour le seul mois de septembre 2022, ces livraisons de ciment ont baissé de 15,83% à 1.174.683 tonnes.
Approché par la MAP, le président de la Fédération Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics (FNBTP), Mohamed Mahboub, estime qu’au-delà des impacts de la crise du Covid-19, le secteur fait face, désormais, à de nouvelles contraintes liées spécifiquement à la flambée des prix qui n’est malheureusement pas compensée par le système actuel de la révision des prix et qui se répercute négativement sur la trésorerie des entreprises.
Dans cette atmosphère, plusieurs entreprises du BTP ont du mal à continuer leurs projets dans de telles conditions et certaines se trouvent obligées de demander la résiliation de leurs marchés. Les grosses pertes ont affecté lourdement leurs trésoreries et ne leur permettent plus d’honorer leurs engagements notamment vis-à-vis de leur personnel, fournisseurs ainsi que leurs banques pour les crédits Relance et Oxygène qu’elles ont contractés, a-t-il expliqué.
La baisse des ventes de ciment durant cette année démontre que l’activité du secteur du BTP est en berne, a relevé M. Mahboub, faisant observer que « cette année, la commande publique n’a pas enregistré une véritable relance en termes d’investissements mais également, la branche bâtiment et construction de logement a connu une baisse significative d’activité ».
Interrogé sur la capacité du secteur BTP à reprendre son rythme d’avant crise, ce professionnel du secteur a affirmé que « rien n’augure une telle reprise ! ».
D’après lui, les carnets de commande actuels des entreprises sont en deçà de leur capacité, faisant savoir que « lors d’une journée d’information organisée par le ministère de l’Équipement et de l’Eau, les différents départements ont présenté leurs programmes d’investissement pour l’année 2022 dans le secteur du BTP, aujourd’hui, les professionnels attendent le lancement effectif des appels d’offres prévus par ces programmes ».
Evoquant les perspectives de ce secteur, le responsable a fait savoir qu’aujourd’hui, les entreprises sont en attente de la résolution rapide de questions prioritaires tels que la relance conséquente et volontariste de la commande publique, la lutte contre la « casse des prix », la refonte du système actuel de la révision des prix, ainsi que l’activation des mesures prévues dans le Contrat Programme signé en 2018.
« Notre gouvernement, a-t-il dit, est appelé à la relance rapide et concrète du secteur du BTP qui emploie plus d’un million de personnes ».
Considéré comme un secteur de poids qui joue un rôle crucial dans la relance de l’économie nationale, le secteur du BTP fait désormais face à de nouvelles contraintes et de nouveaux défis, dans une conjoncture économique incertaine, qu’il s’agit de relever à travers la conjugaison des efforts à la fois des autorités compétentes et des professionnels du secteur.