La stratégie du Maroc en matière de GNL dévoilée

Le Maroc a annoncé de nouveaux terminaux d’importation de GNL pour sécuriser l’offre et la demande d’énergie ; le directeur du cabinet de conseil Small Scale LNG, Eduardo Perez Orue, explore le changement stratégique.

Les ambitions du Maroc dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL) ont refait surface, soulevant des questions sur la stratégie énergétique du pays et le développement des infrastructures.

Des annonces précédentes, datant de 2014, évoquaient des terminaux potentiels à Jorf Lasfar et ailleurs, mais ces projets semblent avoir disparu.

Toutefois, les développements récents suggèrent un regain d’intérêt pour la transformation du paysage énergétique de l’Afrique du Nord.

Le contexte du pivot énergétique du Maroc remonte à la décision unilatérale de l’Algérie en 2021 de suspendre les flux de gaz vers l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe, ce qui a également mis fin aux livraisons de gaz naturel au Maroc.

En réponse, le Maroc a ingénieusement inversé le flux du gazoduc, important du gaz naturel depuis les terminaux espagnols.

Bien que cette solution ait démontré une certaine adaptabilité, il était clair qu’une stratégie à long terme était nécessaire pour garantir la sécurité énergétique et soutenir les ambitions économiques du pays, en particulier dans des secteurs en expansion tels que la production automobile.

Face à ces défis, le Maroc a dévoilé des plans pour de nouveaux terminaux d’importation de GNL, signalant un changement stratégique vers le renforcement de son infrastructure énergétique.

Le projet le plus notable est le terminal Nador West Med, situé dans la partie nord du pays, près de la frontière algérienne et à environ 10 km de l’enclave espagnole de Melilla en Afrique du Nord.

Ce terminal GNL flottant est conçu pour importer jusqu’à 0,5 milliard de mètres cubes (bcm) de gaz par an. Le Maroc prévoit de connecter ce terminal au gazoduc Maghreb-Europe existant, renforçant ainsi ses capacités d’importation d’énergie.

Shell a également signé un accord d’approvisionnement portant sur la livraison de 0,5 milliard de mètres cubes par an pendant 12 ans, en utilisant dans un premier temps le gazoduc depuis l’Espagne et en passant ensuite à des expéditions directes vers le terminal de Nador.

Ce positionnement stratégique laisse entrevoir la possibilité intéressante que le Maroc réexporte du GNL vers l’Espagne à l’avenir.

Un autre terminal devrait être implanté soit dans la zone industrielle de Jorf Lasfar, soit à Mohammedia.

Ce terminal flottant répondrait principalement aux besoins industriels de Casablanca, diversifiant ainsi davantage l’infrastructure d’importation de GNL du Maroc.

Le projet le plus controversé est celui d’une installation d’importation prévue près de Dakhla, dans le territoire contesté du Sahara occidental.

Cette installation pourrait être reliée au projet de gazoduc Nigeria-Maroc, même si elle risque de se heurter à une opposition internationale en raison de sa situation géographique sensible.

Le ministère marocain de l’Énergie anticipe une augmentation substantielle de la demande de gaz naturel, prévoyant une consommation passant de 1 milliard de mètres cubes actuellement à 8 milliards de mètres cubes d’ici 2027.

Pour faire face à cette augmentation, le pays doit établir des terminaux d’importation robustes et développer un vaste réseau de pipelines.

Ces avancées en matière d’infrastructures, associées aux ambitions du Maroc dans le secteur des énergies vertes, positionnent favorablement le pays pour sa compétitivité énergétique future.

Le Maroc a décidé de se concentrer à nouveau sur les terminaux d’importation de GNL, ce qui constitue une étape décisive dans la sécurisation de son avenir énergétique.

En diversifiant ses sources d’importation et en améliorant ses infrastructures, le pays entend répondre à la demande intérieure croissante et soutenir l’expansion de sa base industrielle.

Les développements stratégiques à Nador, Mohammedia et Dakhla soulignent l’engagement du Maroc à transformer son paysage énergétique et à sécuriser une position de premier plan sur le marché mondial du GNL.

En combinaison avec ses ambitions sur le marché de l’énergie verte , cela semble être un bon timing pour l’avenir du Maroc.

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