Casablanca.. Le triangle ferroviaire et le Pont de Moulay Slimane, une nouvelle génération de chemins de fer

La nuit du 16 au 17 avril 2021, les Marocains ont retenu leur souffle, craignant la clôture de l’artère vitale traversée par 90% des passagers et les marchandises à travers les voies ferrées. Cette nuit, les radars de l’Office national des chemins de fer, du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale de la sécurité nationale ont été pointés sur le boulevard Moulay Slimane à Casablanca, l’un des axes routiers les plus importants de la capitale économique, vu le flux de trafic très élevé (environ 120.000 véhicules traversent le boulevard quotidiennement). Une grande partie concerne les camions long-courriers partant du port de la métropole vers le reste des villes du nord et à l’est du Royaume.

En coordination avec les services de la préfecture et de la sécurité nationale, les déplacements vers et depuis le pont de Moulay Slimane dans la banlieue d’Ain Sebaa ont été arrêtés afin que le Bureau national des ingénieurs des chemins de fer puisse changer l’ancien pont de fer par un nouveau pont en acier de 60 mètres de long et 7 mètres de large.

Le nouveau pont de fer sur le boulevard Moulay Slimane a une charge allant jusqu’à 300 tonnes, et c’est l’un des ponts de nouvelle génération. Il a été préparé par une entreprise marocaine à Bouznika et transporté dans la nuit du 16-17 avril pour être installé sans gêner la circulation.

Si le Maroc compte 10.787 ponts et installations artistiques, la célébration des cadres et ingénieurs du Bureau National des Chemins de fer de leur nouveau-né, «Pont Moulay Slimane», trouve sa légitimité non pas dans l’enveloppe budgétaire allouée à sa réalisation (10 millions de dirhams), mais dans le fait que ce pont a abouti à la réalisation de l’une des avancées techniques et logistiques les plus importantes de notre pays. C’est la restructuration du triangle ferroviaire de Casablanca, qui s’étend de Casa Port à Ain Sebaa en passant par Casa Voyageurs. Ce triangle ferroviaire est le cœur battant de l’activité économique (marchandises et voyageurs) dans le Royaume. Or, la croissance du trafic ces dernières années a entraîné une saturation du triangle ferroviaire, et des problèmes sont également survenus dans la gestion des risques, des attentes et des ambitions, car le trafic passagers a continué de monter en flèche dans la région de Casablanca : 24 millions de passagers par an, 132 trains-navettes express et 42 trains Atlantique par jour, ainsi que 28 laissez-passer Train à grande vitesse «Al-Buraq» tous les jours. En termes de fret, le triangle connait un passage quotidien de 40 trains de marchandises, qui transportent environ 13 millions de tonnes de marchandises chaque année (phosphates, céréales, sucre, voitures, conteneurs, etc.). Ce qui a poussé à l’urgence de résoudre le problème du triangle ferroviaire, c’est que lorsque le Maroc a choisi de doter les villes du front de l’Atlantique d’un train à grande vitesse «TGV», la triangulation de la ligne de chemin de fer de Casablanca à Kénitra s’est accompagnée par une solution urgente et permanente pour soulager la pression sur le triangle ferroviaire au port de la métropole. Parce que le problème est la connexion entre les gares. Il n’y avait que deux lignes à Ain Sebaa et au croisement entre Casa Voyageurs, Casa Port et la gare d’Ain Sebaa. Cette situation a obligé les trains à s’arrêter en attendant qu’un autre train passe.

Que faire alors ?

La faible marge immobilière disponible (l’absence de conteneur pour étendre l’infrastructure ferroviaire ainsi que le siège du Triangle avec des bâtiments ou la côte atlantique) a conduit les ingénieurs du Bureau national à concevoir un modèle technique visant à élargir le réseau ferroviaire sur la même base immobilière existante.

Ainsi, il a été décidé de créer 6 rails à la gare d’Ain Sebaa vers le port et la gare des voyageurs (il n’y en avait que 3) pour assurer une fluidité des transports, facilement, en toute sécurité et de manière plus rentable. La structure de la gare des voyageurs, qui comprenait six rails (4 pour les passagers), a été renouvelée, et elle est équipée aujourd’hui de 10 rails, auxquels s’ajoutent 3 rails pour le train al-Buraq (c’est-à-dire, au total, la gare comprend 13 chemins de fer, ce qui signifie que la capacité de la gare de voyageurs a été multipliée par trois). Ce n’est pas tout. Même la couchette a été étendue de 250 mètres à 400 mètres pour permettre d’accueillir des trains plus longs et donc de transporter plus de passagers.

Au niveau de la gare portuaire, l’ancienne gare ne contenait plus que 4 rails, alors qu’elle comprend aujourd’hui 8 rails passagers et 3 rails de réserve (c’est-à-dire des trains privés pour l’aéroport et El Jadida).

En outre, il existe la gare des Roches noires pour les marchandises, qui est l’artère principale du port (la gare est connue des spécialistes sous le nom de point kilométrique 5, c’est-à-dire PK5), et il est également relié à la plate-forme logistique de la rue Moulay Ismail.

Cette étonnante architecture d’ingénierie réalisée par le Bureau National des Chemins de fer (au coût de près de 100 milliards de centimes) nécessitait une touche afin que le projet de préparation prenne forme et se réalise avec lui l’euphorie de voir une structure ferroviaire 100% marocaine dans la réflexion, le concept, la préparation, la conception et la traduction sur le terrain. Dans ce cadre, la préparation du pont de Moulay Sulimane vise à augmenter la capacité de charge de ce triangle ferroviaire et la fréquence de tous les trains (passagers et marchandises) se dirigeant vers le reste du territoire national.

Soulignons que le pont de Moulay Sulimane a été relevé aujourd’hui en ajoutant environ un demi-mètre pour permettre aux camions plus hauts de circuler dans le sens de ce qui est en place dans les pays occidentaux ou au Brésil, par exemple.

Le pont comprend sept lignes de chemin de fer : une ligne dédiée à relier la gare des Roches noires, le port et la gare logistique de Zenata, et quatre trains de passagers en direction du port – Ain Sebaa et le port – la gare des voyageurs.

Quant aux deux lignes restantes, elles sont destinées au transport de marchandises entre le port et la plate-forme logistique du boulevard Moulay Ismail d’une part, et relient le port aux unités industrielles situées à proximité du triangle ferroviaire qui fournissent des marchandises par train.

Les cadres du Bureau National des Chemins de fer ont le droit de profiter de ce rayonnement technique, non seulement parce qu’il a désamorcé une bombe appelée l’étouffement et la saturation du triangle ferroviaire, mais aussi parce que le Maroc a commencé à récolter directement les fruits de cet effort.

BTPnews

 

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