Autoroute électrique Éthiopie-Kenya : Une impulsion pour la durabilité et la coopération énergétique en Afrique de l’Est

L’inauguration en 2023 de l’autoroute électrique reliant l’Éthiopie au Kenya marque un tournant dans la transition énergétique en Afrique de l’Est. Après plus d’une décennie de planification et de travaux, ce projet de 1 045 kilomètres, reliant Wolayta-Sodo en Éthiopie à Suswa au Kenya, représente bien plus qu’une avancée technologique : il ouvre une ère nouvelle de coopération régionale, de stabilité énergétique et de développement économique durable.

Ce projet ambitieux incarne la volonté de l’Éthiopie et du Kenya d’exploiter ensemble leurs ressources énergétiques pour renforcer la résilience de leurs réseaux électriques et améliorer leur compétitivité industrielle. Loin de n’être qu’une infrastructure, cette autoroute électrique symbolise un modèle d’intégration énergétique pour les pays de la région.

Une infrastructure de pointe pour une interconnexion énergétique durable

Pour mener ce projet à bien, les deux pays ont adopté la technologie HVDC (High Voltage Direct Current), qui optimise le transport d’électricité sur de longues distances tout en réduisant les pertes d’énergie et les coûts d’infrastructure. « Le système HVDC minimise les pertes d’énergie et réduit les coûts de construction des lignes de transmission, tout en étant facile à opérer avec différents réseaux », souligne Tewoderos Ayalew, directeur de site chez Ethiopian Electric Power. En Éthiopie, l’énergie hydroélectrique est convertie en courant alternatif avant d’être transformée en courant continu à la centrale de Sodo. Elle voyage ensuite sur 1 045 kilomètres jusqu’à Suswa, où elle est de nouveau transformée en courant alternatif pour être intégrée au réseau kényan.

Avec un coût total de 1,26 milliard de dollars américains, le projet a bénéficié d’un appui financier de 338 millions de dollars de la Banque africaine de développement, renforcé par des contributions de la Banque mondiale, de l’Agence française de développement et des gouvernements éthiopien et kenyan. Ce financement international témoigne de la reconnaissance des avantages économiques et sociaux que cette infrastructure peut apporter.

Pour le Kenya, où 95 % de l’électricité provient de sources renouvelables, cette interconnexion représente une avancée stratégique majeure. Elle renforce l’attractivité du pays pour les investisseurs, en particulier dans les secteurs des industries vertes, attirés par une électricité renouvelable et compétitive. « S’appuyer sur une énergie renouvelable et propre présente des bénéfices non seulement pour les Kényans, mais pour le monde entier. Cela nous aide à attirer des investisseurs dans les industries vertes », affirme Kipkemoi Kibias, directeur général de Ketraco.

En parallèle, le projet favorise la création d’emplois et la dynamisation de l’économie locale, notamment autour de la station de Suswa, où des zones économiques commencent à se développer. Sur les 100 employés de la station de Suswa, 70 sont originaires de la région, offrant de nouvelles perspectives économiques à la population locale. Pour Sylvia Kinaiya, ingénieure Maasaï engagée dans le projet, cette réalisation revêt une dimension personnelle : « C’est une manière de redonner à ma communauté et de prouver qu’il est possible de concilier carrière technique et vie de famille », dit-elle, brisant les stéréotypes de genre.

Au-delà des avantages économiques et sociaux, l’autoroute électrique Éthiopie-Kenya contribue directement à l’intégration des énergies renouvelables fluctuantes, telles que l’éolien et l’hydroélectricité, dans les réseaux énergétiques régionaux. Le Kenya vise d’ailleurs un objectif ambitieux de 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, et cette infrastructure représente un levier crucial pour atteindre cette cible. « Ce projet garantit que le Kenya dispose de suffisamment d’énergie verte pour soutenir notre développement industriel tout en maintenant une faible empreinte carbone », explique John Mativo, directeur général de Ketraco.

En partageant efficacement leurs ressources énergétiques, l’Éthiopie et le Kenya stabilisent leur approvisionnement tout en sécurisant leur avenir énergétique. Cette autoroute électrique ne se contente pas de fournir de l’électricité ; elle renforce également la résilience climatique de la région en réduisant la dépendance aux énergies fossiles et en offrant un modèle d’interconnexion durable pour d’autres pays africains.

L’autoroute électrique Éthiopie-Kenya incarne une vision de l’avenir où l’énergie verte propulse une coopération régionale renforcée et un développement durable. Grâce à cette interconnexion, les pays d’Afrique de l’Est partagent désormais leurs ressources énergétiques, répondant aux besoins croissants de leurs populations et industries.

Tewoderos Ayalew résume cette ambition collective : « Nous avons le potentiel non seulement de répondre à nos propres besoins, mais aussi de fournir de l’énergie à nos voisins et au-delà. » Ce projet pionnier ouvre ainsi la voie à une prospérité partagée et positionne l’Afrique de l’Est comme un acteur clé de la transition énergétique durable.

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