Assemblées annuelles de la BM et du FMI Mme Fettah Alaoui dit tout, ou presque…
1- Les décideurs financiers du monde entier se rassemblent au Maroc, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Nous sommes honorés d’accueillir les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à partir du 09 octobre. La candidature du Maroc a été retenue en 2018, ce qui constitue une reconnaissance et une confiance en notre pays, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, en la démocratie du Royaume, en sa trajectoire économique et sociale, mais aussi en sa légitimité, comme emblème et carrefour du continent africain. De multiples crises ont secoué le monde lors des cinq dernières années mais le Maroc a pu les surmonter pour s’affirmer de nouveau comme un pays fort, un modèle de résilience et un partenaire « très crédible » du FMI et de la Banque Mondiale. Je suis convaincue que nous aurions obtenu l’organisation de cet événement mondial au cas où la candidature du Maroc aurait été présentée pendant ces temps de crises. Ceci est une reconnaissance du modèle marocain. Lundi, un mois sera écoulé depuis la tragédie du séisme d’Al Haouz. On a réussi à convaincre que le Maroc, conformément à la Vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI, pouvait accueillir en toute sécurité ces rencontres annuelles, ce qui témoigne d’une double confiance: une confiance historique envers un pays qui a démontré depuis la candidature à aujourd’hui que la trajectoire et la dynamique de développement étaient sérieuses, que les réformes sont sur les rails, et que c’est un pays qui sait aussi gérer les crises et qui tient ses engagements en toutes circonstances.
2- Ces Assemblées débattront des grands enjeux du développement à un moment où l’économie mondiale est confrontée à une série de chocs. Le Maroc saisira-t-il cette opportunité unique pour présenter au monde entier son modèle de développement et la Vision Royale pour faire face aux défis actuels et futurs ?
Absolument, je pense que le Maroc n’est pas un pays qui se laisse emporter par des standards. Le Maroc détient la force, l’ambition et la Vision de SM le Roi Mohammed VI pour concevoir sa propre approche et démarche de développement. Celle-ci est d’ailleurs en train d’être exécutée et implémentée et apporte de vraies solutions pour les défis à relever. Ce message, extrêmement important, est partagé avec les dirigeants du FMI et de la Banque Mondiale, depuis que le Maroc a adhéré à ces deux institutions il y a plus de 60 ans.
Depuis 20 ans, de grandes avancées ont été réalisées par le Royaume sur les plans social, sociétal et économique, dans un contexte marqué par de multiples défis liés à la sécurité alimentaire, aux changement climatiques et aux tensions géopolitiques. Le Maroc a su démontrer que, malgré des ressources naturelles limitées, les défis de développement social et les challenges humains, le dynamisme, la vision et les stratégies sectorielles ont permis de véritables réalisations. Le Royaume a su utiliser cette boîte à outils d’instruments de partenariats financiers à un excellent niveau. Le Maroc sait très bien aujourd’hui puiser son énergie, son dynamisme et ses volontés en interne et avec ses propres capacités, mais la coopération internationale demeure une orientation appuyée, promue par SM le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste. Cette ouverture est un véritable choix gagnant qu’on démontre au quotidien. Dans cette coopération, celle en particulier avec le continent africain est la plus emblématique, car elle est dans « note ADN ». Ce n’est pas une stratégie, c’est notre présent, notre passé et notre futur.
3- Que représente justement pour le Maroc cette dimension continentale ? Et à quel point les enjeux et les priorités de l’Afrique seront au cœur des débats à Marrakech ?
Il est utile de rappeler que cela fait 50 ans que les réunions (Assemblées NDLR) ne se sont pas tenues en terre africaine. Le rendez-vous de Marrakech constitue donc une occasion pour mettre en avant les ambitions, les challenges et les priorités du continent. C’est aussi une opportunité pour expliquer qu’en Afrique, carrefour avec l’Europe et le reste du monde, il y a un pays qui a réussi à se démarquer à travers un modèle de développement qui lui est propre. Le Maroc administre ainsi la preuve qu’il est tout à fait possible de réussir sur le continent africain et de se faire une place dans l’économie mondiale. Le succès réalisé dans l’industrie automobile, où nous avons intégré au sens propre les chaînes de valeur mondiale, est une démonstration que nous ne sommes pas uniquement un partenaire de longue date, mais que nous pouvons exceller dans différents domaines. De même, notre succès dans la logistique en tant que carrefour entre la Méditerranée et l’Atlantique donne de l’espoir à tout le monde. Le gazoduc entre le Nigeria et le Maroc est aussi un bon exemple qui montre qu’avec un leadership marocain et nigérien et à travers une coopération bien menée, l’Afrique peut apporter des solutions en termes de valorisation des ressources, des expertises et de création de valeur pour plusieurs pays en même temps. Cette notion de modèle, d’un standard conçu par le Maroc pour le Maroc, à partager avec l’Afrique est extrêmement importante. D’un autre côté, avec ces dernières crises, il y a un momentum légitime au sein de ces institutions financières de s’interroger sur l’opportunité de repenser le modèle et le partenariat avec les pays qui ont besoin du FMI et de la Banque Mondiale.
Les sujets du développement humain et de la lutte contre la pauvreté sont hélas encore d’actualité avec les crises liées à la sécurité alimentaire et à l’inflation. Les changements climatiques et leurs conséquences sur l’Afrique qui paie le prix fort d’une dégradation de l’environnement, et pour lesquels le continent a besoin de plus de financement est un autre sujet qui s’impose fortement lors des discussions. Il y a aussi des thématiques à caractère social qui sont extrêmement importantes et qui méritent d’être examinées et abordées. Nous avons besoin d’une meilleure éducation, de plus d’universités, d’un système de santé plus fort et d’une protection sociale. Ces thématiques vont être au cœur des débats lors des réunions institutionnelles du FMI et de la BM. J’espère que le fait de les aborder au Maroc va donner encore plus d’écho à ce dont le continent africain a besoin. D’abord on a envie de dire au monde que l’Afrique doit rester en permanence une priorité, on ne peut pas s’occuper de l’Afrique quelques années et ensuite aller gérer des grosses crises ailleurs. Notre chemin de développement ne peut pas attendre et ne peut accumuler de retards. Il ne faut pas non plus demander aux pays africains de choisir entre payer leur dette, nourrir les populations, éduquer leurs enfants, s’adapter aux changements climatiques et créer des emplois. Aujourd’hui, il y a des voix qui s’élèvent pour demander que le changement climatique soit financé par le secteur privé ou autre. Il faut trouver des solutions pour le continent africain parce qu’on ne peut pas choisir entre toutes ces priorités qui sont vitales pour le continent. Nous savons que ces discussions sont en cours depuis des mois dans les institutions et nous appelons de nos vœux à ce que des décisions et des annonces fortes soient faites pendant ces réunions. Nous rappellerons que nous sommes sur le continent et que notre voix doit être portée et entendue pendant ces réunions.