ONU-Habitat: le Maroc expose à Nairobi son expérience en matière de logement social
L’expérience marocaine dans le domaine de la réalisation des logements sociaux a été exposée à Nairobi dans le cadre de la 2ème Session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’habitat (ONU-Habitat), qui se tient du 5 au 9 juin dans la capitale kényane.
Un side-event a été organisé dans ce sens par le ministère de l’Aménagement du Territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, durant lequel les clés de la réussite de la politique marocaine en matière de logement social ont été présentées, avec un accent particulier sur le rôle du secteur privé et du partenariat public-privé (PPP).
L’intervention de l’Etat Marocain pour l’accès au logement a évolué progressivement tout en s’adaptant aux contextes spécifiques de chaque période, passant de la politique d’attribution de lots équipés, en puisant dans le foncier de l’Etat, à la construction massive de logements sociaux initiés par des établissements étatiques, a fait savoir Mme Hind Benzha, directrice de la Promotion immobilière au sein du ministère.
Toutefois, la politique nationale en la matière a connu sa vraie transition à partir des années 2010, où le relai a été donné au secteur privé pour participer à la construction de logements sociaux dans le cadre de PPP, a souligné Mme Benzha, indiquant que les acteurs du secteur privé se sont fortement impliqués dans le processus en produisant des logements sociaux sur leur propre terrain avec leurs propres moyens.
En contrepartie l’Etat concède toutes les exonérations fiscales et les facilités administratives pour réussir ce challenge, a-t-elle fait remarquer, expliquant que ce système a été accompagné par la multiplication des efforts de l’Etat pour la lutte contre toutes les formes d’habitat insalubre.
Grâce à ces incitations visant à impliquer le secteur privé, le Maroc a pu construire près de 600.000 unités en 10 années et, ainsi, réduire le déficit de logement de plus de 70% depuis 2002, année durant laquelle le déficit avait atteint 1,2 millions d’unités.
Sur le plan foncier elle a cité la mobilisation de plus de 8.800 ha et la création de villes nouvelles, ainsi que de nouveaux pôles urbains, ajoutant que des efforts ont été déployés sur le plan financier avec la création d’un Fonds hypothécaire visant à garantir les crédits des bénéficiaires.
La problématique de logement a été traitée par le Maroc selon une double approche résorption/prévention, a-t-elle souligné.
Les différentes interventions de l’Etat pour renforcer l’accès au logement ont permis d’améliorer les conditions de vie d’environ 2 millions de personnes vivant dans l’habitat insalubre, s’est-elle félicitée, ajoutant qu’elles ont permis l’amélioration de l’accès aux services de base, à la sécurité et à la mobilité dans plus de 760 quartiers et 696 centres ruraux, en plus de l’amélioration de l’attractivité de plus de 96 villes.
Par ailleurs, Mme Benzha a souligné que le monde fait actuellement face à de nouveaux défis, tels que les crises climatiques, pandémiques et économiques, notant qu’une réadaptation de l’approche s’impose face à ces nouvelles données.
Dans ce sens, le Maroc a lancé un dialogue national de l’urbanisme et de l’habitat, qui a donné la parole à l’ensemble des concernés et des parties prenantes, a-t-elle fait savoir, relevant que ce dialogue a permis de tracer une nouvelle feuille de route commune et consensuelle, avec pour objectif d’assurer un logement décent pour tous.
La nouvelle vision du secteur tend vers un modèle de cadre de vie intégré, a-t-elle indiqué, expliquant que la nouvelle logique est orientée davantage vers l’aide financière directe ciblée au profit des ménages éligibles.
A cet égard, elle a souligné que les évolutions démographiques et sociales font émerger de nouveaux besoins, ce qui nécessite d’élargir l’aide à de nouvelles tranches sociales, notamment la classe moyenne fragilisée par l’inflation et les effets des crises.
Il s’agit également de la consolidation du rôle des territoires et du rôle d’animation de l’Etat, par le biais de plans régionaux de l’habitat, ainsi que le décloisonnement des programmes en assurant une adaptation au contexte économique et social par le renforcement des capacités des ménages.
Présidé par le Secrétaire général du Département de l’Habitat et de la politique de la ville, Youssef Hosni, le side-event a été marqué par la présence et la participation de plusieurs responsables et de parties prenantes, dont notamment le Directeur exécutif adjoint d’ONU-Habitat M. Michal Mlynar.
Tenue sous le thème « Un avenir urbain durable grâce à un multilatéralisme inclusif et efficace : atteindre les ODD en temps de crise mondiale », cette 2ème session de l’Assemblée d’ONU-Habitat réunit près de 5.000 participants, dont plus de 30 ministres, en plus de hauts responsables et experts mondiaux, pour débattre des politiques urbaines mondiales et promouvoir un multilatéralisme inclusif et transformateur.