Interview de Kevin Gormand, CEO et co-fondateur du Groupe Mubawab

  • Le prix du m² des appartements au Maroc s’établit à 10.200 dirhams au deuxième trimestre 2022, selon vous, et au vu de la conjoncture économique au Maroc, le prix du m² se définit-il en fonction du pouvoir d’achat ou bien d’autres paramètres ?

 Les prix se définissent toujours par l’offre et la demande pour arriver à un point médian. Aujourd’hui, ce que l’on observe, c’est qu’il y a un léger recul et l’IPAI note un recul également pour un troisième trimestre consécutif. Ceci s’explique par le fait que la demande ne peut pas continuer à acheter aux prix qui sont demandés ; il y a donc un ajustement des prix. En somme, il n’est pas seulement question ici du pouvoir d’achat mais aussi et surtout de l’offre et de la demande.

 

  • A Casablanca, à titre d’exemple, et selon votre bilan trimestriel, la demande est 9 fois plus importante que l’offre, cela signifie que la capitale économique a un sacré problème de logement, pour ne pas dire crise de logement qui doit surgir dans les mois à venir. Selon vous, quelles sont les mesures que doivent prendre les autorités pour faire face à cette quasi-pénurie ?

La demande est effectivement supérieure à l’offre. En revanche, il y a une pénurie de l’offre par rapport à ce qui est demandé. En effet, il y a de nombreux appartements qui sont en vente mais qui ne trouvent pas preneur car la demande est très faible. A l’inverse, il y a des appartements qui sont en vente avec une très forte demande et qui, par conséquent, partent très vite.

Le rôle des autorités ici est d’instaurer une réglementation sur le foncier. C’est, en effet, le foncier qui a l’impact le plus important sur le coût de construction. La réglementation à mettre en place devrait permettre aux promoteurs de construire là où il y a le plus de demande, autrement dit des appartements moyen standing à moins d’1M de MAD et situés dans Casablanca (et non en périphérie de la ville).

En outre, la seconde mesure à prendre par les autorités est de mettre en place un allégement des taxes. Il y a, au Maroc, de nombreuses taxes liées à l’immobilier (TVA, droits d’enregistrement, frais notariaux…) qui sont très lourdes. Il faudrait donc pouvoir les alléger.

 

  • L’immobilier, en général, après les hausses des prix des matériaux de construction, plusieurs chantiers, ont été suspendu momentanément, et déjà la demande, comme vous le dites, et 9 fois plus importante que l’offre. Faut-il dire qu’une véritable crise de logement se profile dans les villes peuplées telles que Casablanca ?

La crise du logement est déjà présente et ce depuis plus de dix ans. La pandémie du Covid-19, l’inflation et la hausse des prix des matériaux de construction sont des éléments qui favorisent cette crise du logement qui touche principalement les grandes villes où le prix du foncier s’est envolé.

Les promoteurs sont ainsi encore plus frileux car les marges sont de plus en plus faibles et le risque dans la construction d’un projet immobilier est de plus en plus important. Il est donc primordial d’avoir une régulation sur le foncier et un assouplissement sur les taxes portées par l’acquéreur. Ces mesures vont permettre de débloquer la situation.

 

Enfin, il est impératif de commencer à considérer de construire de manière plus optimisée et à proposer des studios de 30m², des appartements de 2 chambres de 60m² et des 3 chambres de 70m². C’est un changement de paradigme qui a eu lieu dans différents pays et qui va indubitablement aider à sortir rapidement de la crise du logement actuelle.

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