L’architecture s’invite au Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde
Des experts et des chercheurs ont débattu, en marge des festivités de la 26ème édition du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde (09-12 juin), de la relation entre les espaces et les modes de vie et le sacré dans l’architecture.
Réunis dans le cadre du Forum du festival qui se tient sous le signe « L’architecture et le sacré », ces experts et chercheurs se sont penchés sur l’analyse de cette relation entre les espaces et le patrimoine bâti et les modes de vie au Maroc en général, et Fès, en particulier.
La rencontre qui s’est articulée autour des axes « Les espaces et les modes de vie en relation avec le sacré dans l’architecture » et « les symboles du sacré dans l’architecture » a été l’occasion de présenter des expériences comparées de certains pays dont l’Espagne, l’Italie, la France et Oman.
Présentant le forum, les organisateurs ont avancé que « les civilisations et les cultures qui les portent, expriment, donnent sens, vivent et inventent des mythes et des symboles liés aux différentes formes et expressions de leurs sacralités par et à travers des créations architecturales ».
Les lieux de cultes (grottes, cavernes, temples, synagogues, églises, chapelles et mosquées) sont des constructions ou des aménagements faits pour des cultes et en fonction d’eux, en hommage aux référentiels de la sacralité concernée, ou en hommage à des religions et divinités, ont-t-ils expliqué.
C’est ainsi que l’architecture constitue, selon eux, « une empreinte, un repère, un cadre et un cheminement des croyances, des religions et des spiritualités ».
L’universitaire espagnole Souzana Calvo Capilla, a indiqué que l’architecture et ses diverses techniques constituent un outil pour exprimer le sacré et la religion dans les mosquées de l’Andalousie, du Maroc et des autres pays méditerranéens.
Le coordonnateur du Forum, Driss Kharrouz a souligné, pour sa part, que l’architecture cristallise cette relation entre les valeurs, la culture, le culte, la religion et le mode de vie des humains au Maroc et ailleurs, ajoutant que le forum focalise sur la coexistence entre les religions et les civilisations.
« Les villes et les agglomérations humaines se développent souvent en fonction de monuments qui déterminent les contours, les orientations et les aménagements des espaces et des modes de vie des populations. La vie des communautés est souvent rythmée par leurs espaces sacrés », selon une note de présentation dudit forum.
Il y a aussi toutes les medersas, toutes les calligraphies et décorations qui citent, rappellent ou suggèrent des références de l’islam.
Ces lieux et ces ornements ne sont pas en marge de la vie des gens ; ils sont dans le quotidien des populations, ils tracent leurs itinéraires et norment les lieux et les espaces qui déterminent et rythment leurs quotidiens.
Cette sacralité, qui transcende bien le contexte de la pratique cultuelle, de ses calendriers et de ses codes, est la matrice du mode de vie des habitants. Cette connivence qui gravite autour du religieux donne des dimensions spirituelles fortes aux relations entre la société et son architecture.
La sacralité appliquée à l’architecture et au patrimoine peut aboutir à occulter sa nature sociale et culturelle pour lui donner des colorations universelles et perpétuelles divines.